28 Jours Plus Tard – Tomes 1 & 2

Et dire que Danny Boyle ne pensait même pas faire un film de zombie lorsqu’il réalisa 28 Jours Plus Tard ! Aujourd’hui les infectés ont intégré la grande famille des zombies et ce malgré le rejet profond de quelques puristes autistes. Rénovant le genre, ces zombies modernes changent la donne en apportant encore plus de désolation aux pauvres survivants encore debout.

168 Jours Plus Tard, l’horreur pourtant contenue un temps, explose sans aucune retenue. Aujourd’hui les fans attendent le troisième opus, bien que confirmé à demi-mot par Danny Boyle, il n’est toujours pas à l’ordre du jour. Ce nouveau comic se situant juste après le premier film, vous servira donc de paliatif pour patienter. Avant tout, attention à ne pas confondre ce comic avec la BD one shot intitulée Aftermath et sortie en 2007.

Selena, la survivante-guerrière-sans pitié de 28 Jours Plus Tard reprend donc du service. Rescapée du désastre, elle est maintenant réfugiée dans un camp à Bergen en Norvège. Plusieurs semaines sont passées depuis l’épidémie mais toute l’affaire reste floue quant aux circonstances exactes du drame – du moins pour le commun du mortel, journalistes inclus. C’est pour cette raison qu’elle est approchée par Clint, journaliste modèle, et son équipe. Son objectif est d’enquêter sur les faits directement sur place, à Londres. Refusant dans un premier temps sa proposition, Selena revient finalement sur sa décision et embarque avec l’équipe.

Et nous revoilà sur la route avec un personnage clé du film original. On aurait pourtant préféré l’oublier pour partir sur une toute nouvelle histoire, mais il faut reconnaitre qu’elle connaît le terrain et l’infection qui sévit sur l’île, ça simplifie les choses. Et pourtant, la meilleure des guides ne peut rien devant une équipe de journaliste pensant tout savoir. Ses conseils ne serviront à rien et l’équipe de Clint payera cher son refus d’écouter, piégée de toute part par des contaminés. C’est comme un éternel recommencement pour Selena. Le retour aux sources, le combat contre ses propres démons et ses propres peurs, etc. Mouais, on a déjà vu, déjà lu et déjà entendu. Ce genre de pans scénaristiques classiques cadre mal avec les thématiques des 28 … plus tard. Quel être sensé retournerait dans un pays contaminé dont il vient à peine de fuir à grande enjambée ? Bref, le choix de Selena comme personnage principal n’apparaît pas comme des plus judicieux, c’est clairement du fan-service de base. On aurait pu répondre aux questions soulevées par le scénario par un nouveau triangle de survivants, au lieu de ça, on s’échappe de l’infection pour y revenir avec le même personnage. Voilà un premier tome qui, au premier regard, commence mal.

Néanmoins, ce qui fait la force de la licence 28 … plus tard, c’est sa violence crue et le côté immoral et primitif de ses personnages. Heureusement de ce côté, on retrouve le cynisme et l’aspect jusqu’au boutiste de la série cinématographique. Les réactions sont toujours aussi vives et franches lors des scènes de stress et le silence est pesant quand tout est calme. La réutilisation du personnage de Selena a au moins ce mérite. Même si elle apparaît trop souvent comme une redoutable guerrière un poil exagérée et parfois proche du ridicule dans certains passages, il en reste que cette couche sale et dérangeante reste bien présente. C’est gore, violent, rapide et ça s’enchaîne vite. L’efficacité prend donc le pas sur la nouveauté.

Pour ce qui est des révélations sur l’infection, ce n’est pas dans ce premier tome que vous allez trouver réponses à vos questions. L’action prend doucement son envol, le scénariste se débarrasse rapidement des personnages inutiles et transporte aussi vite qu’il le peut les survivants sur l’île d’Angleterre. On pose donc le décor, tout en décapitant quelques contaminés, on achève ses camarades dès le premier soupçon de contamination et on poursuit son chemin.

Il vous faudra donc attendre le second tome pour entrer vraiment dans le cœur de l’action. A l’aide de flashbacks, le scénariste nous dévoile quelques éléments sur Clint et ses coéquipiers. Ces destins de journaliste de guerre nous permettent par ailleurs d’appréhender avec plus de facilité les raisons du retour de Selena sur ces terres maudites. On y apprend également les débuts de la propagation du virus et notamment les répercutions à l’étranger. Même si tout cela reste encore à construire de façon plus étoffée, on a droit à quelques scènes particulièrement sympathiques comme cette magnifique double-page montrant une journaliste à Londres perchée sur une cabine téléphonique pour échapper à une masse grouillante de contaminés ou le sort réservé aux ennemis de l’occident dans les geôles américaines.

Selena gagne aussi en finesse. Au revoir la reine de la machette limite autiste, ses scènes sont plus subtiles et elle sort progressivement de son mutisme habituel. On ressent aussi pour la première fois de la tension et de l’angoisse, quand les trois protagonistes cachés sous la bâche d’un fourgon, essayent d’être les plus discrets possibles pour échapper à une mort certaine. Le rythme de ce deuxième tome, particulièrement mieux maitrisé que celui instauré dans le premier, rassure nettement quant au potentiel scénaristique du comic en général.
La route vers Londres va être longue et sinueuse, la machette se frayant un chemin à travers cet enfer.

Question artistique, le dessin est souvent un poil brouillon, la faute à un trait épais et assez marqué. Il arrive que les couleurs soient étrangement saturées, alors que les tons globaux des deux volumes restent assez ternes et délavés. On rencontre aussi des perspectives assez classiques ainsi qu’un découpage des cases très basique. Ça reste gore et efficace, mais on aurait pu espérer mieux au niveau du dessin, surtout qu’il ne va pas en s’améliorant.

Pour conclure, malgré des défauts certains et un premier tome qui découragera les moins fanatiques, ce comic propose une lecture intéressante du thème développé par la série des 28 … plus tard. La suite promet d’ailleurs encore plus de surprises et chaque nouvelle sortie en VO confirme l’intérêt que nous portons à ce comic.

Chaudement recommandé !