Critique de World War Z par le site Tuez les tous

Qui s’intéresse à la culture zombie a forcément entendu parler du livre World War Z de Max Brooks. Ce dernier est en quelque sorte le Romero du XXIème siècle, en ayant apporté un regard neuf au genre en compilant dans son ouvrage une large palette de tout ce que les zombies peuvent engendrer. Devant cette “bible” zombie, les studios se sont battus pour obtenir les droits et c’est la boite de prod Plan B de Brad Pitt qui a remporté le gros lot. Malheureusement, la mise en production du film s’est transformée en véritable carnage. Pendant des années on a vu défiler des news à propos de l’écriture successive du script par différents scénaristes. Puis c’est le tournage en lui même qui est devenue une farce avec un Marc Forster désavoué par son producteur et lead actor, Brad Pitt. Pendant ce temps, au gré des diverses fuites sur la tournure que prenait le film, les fans ont bien compris que cette adaptation n’allait absolument pas être fidèle au livre. Pour cette raison, à quoi bon parler de ce film en le comparant au livre d’origine ? Oublions donc l’œuvre de Max Brooks et abordons ce film avec un regard de prude jouvencelle.
Ceci ne sera donc pas la chronique du film World War Z (WWZ), mais de Brad Pitt vs Zombies (BPZ), un super blockbuster de l’été avec des zombies.



Le tour du Monde en une semaine pour sauver l’Humanité

On suit donc Brad à travers le monde, agrémentant sa page Tripadvisor à chaque destination visitée :

USA – Philadelphie : “Beaucoup de bouchons, mais heureusement les zombies arrivent à fluidifier la circulation”
Corée du Sud : “Voyage désagréable et le camp de vacances à l’arrivée est désert et sans électricité, nous sommes repartis le soir même après un tour de VTT”
Jerusalem – Israel : “Accueil chaleureux et grande affluence pour visiter les murailles de la ville, un peu trop même”
Cardiff – Royaume-Uni : “Le temps est maussade, ce qui est ironique quand on arrive d’Israël. Ce bled est un trou, on ne vient pas ici par hasard, heureusement l’OMS met l’ambiance”

Voila donc pour le tour du Monde de Brad pour sauver le monde : 4 pays, tout ça avec 2 avions et 3 pleins d’essence, efficace le bonhomme. Le spectateur restera donc sur sa faim s’il s’attendait à plus de diversité pour cette invasion mondiale de zombie.
La construction du film est des plus simples. Premier lieu : Plein jour, soleil, grosse ville, MICHAEL BAY EXPLOSIONS. Second lieu : frayeur dans la nuit, huis clos. Troisième lieu : Plein jour, soleil, grosse ville, MICHAEL BAY EXPLOSIONS, avec des kippas. Quatrième lieu : frayeur dans l’obscurité, huis clos. Et pas question de perdre le spectateur. On le tient par la main en lui montrant à chaque fois vers quoi il se dirige. Palpitant. En arrière plan, on nous distille une histoire ridicule qui sert de prétexte à ces voyages. Il faut donc chercher le patient zéro, mais rapidement il s’avère que cela sera impossible et même inutile, donc Brad sauvera le monde… TOUT SEUL.

De toute façon, l’essentiel n’est pas là puisqu’après tous ces voyages, Brad a bien mérité sa canette de… Pepsi. Ok ça en est trop, votre cerveau est en train de couler par vos oreilles.



BPZ, le premier blockbuster zombie

Bon, assez rigolé au dépens du film, passons le aux rayons X. BPZ n’est pas un bon film. C’est un gros blockbuster idiot, car feignant, qui nous livre son lot de pornographie visuel sauce apocalypse sans aucun complexe. Comme d’habitude avec ce genre de produit, selon votre degrés d’exigence et de lassitude, le plaisir sera plus ou moins coupable. Mais la question pour nous n’est finalement pas là. Il s’agit plutôt de savoir si BPZ est un bon film de zombie. Vous noterez la subtilité.

Vu le positionnement du film, son gros point fort se doit donc d’être sur le déchaînement visuel qu’il nous propose, notamment avec cette approche nouvelle de la horde façon nuée de zombies ultra rapides. Ils ont ainsi repris les mouvements des bancs de poissons, ou comme on peut le voir dans le générique avec des colonies d’insectes se ruant sur leurs proies. Nous avons eu un avant goût dans les bandes annonces en voyant des milliers de zombies s’entasser contre des murs ou se déversant dans les rues. C’est impressionnant, mais malheureusement, tout a été dévoilé dans les trailers et le film ne propose pas grand chose de plus. Cette idée attrayante aux premiers abords s’avère donc être un pétard mouillé. Rien d’étonnant cependant car ces masses sont tellement dévastatrices qu’il n’est pas possible de les contrer sauf à sombrer dans l’ultra nanar en y opposant des forces toutes aussi démentielles. N’osant donc nous coller des super mecha ou nous sortir l’arsenal nucléaire mondial pour vitrifier le paysage, le film est contraint de mettre en veilleuse son “atout”.
On se souvient alors de 28 semaines plus tard, la suite tant décriée du film de Boyle. Mais au moins ce film avait eu l’intelligence (si,si) de ne pas s’essayer à l’happy end en proposant notamment une vision tragique qui heureusement n’a jamais été développée (pour l’instant) dans une suite. On garde donc tous en tête la dernière image de ce film, glaçant le sang tout en nous satisfaisant de ce vertige que provoque une destruction totale. A l’opposée, Brad ne peut absolument pas se permettre ce genre de chose avec son film AAA+ et se retrouve contraint de sauver un monde peuplé à 95% de morts.

Pour ce qui est du reste, BPZ étant un film d’action avant tout tourné vers les zombies, il est difficile d’être prolixe. On notera néanmoins avec réjouissance que Brad nous a évité les habituels poncifs sur les méchants militaires vicieux ou les scientifiques sadiques. Bien au contraire, l’armée et les scientifiques servent ici de soutien au joli voyage du héros, sans lui mettre à aucun moment des bâtons dans les roues. On appréciera également les quelques éléments sur la survie et la réaction des humains à tout ce bazar. L’introduction sur la côte Est des US est à ce titre satisfaisante. Le chaos est général et on contemple la chute de l’ordre moral de la société américaine, tout comme de son système politique. Toutefois, tout ça ne reste qu’un bruit de fond anecdotique, comme s’ils avaient glissé ça histoire de satisfaire un peu les nerds fanatiques du genre.
C’en est de même pour la violence du film qui, soumise à un PG-13 pour assurer sa rentabilité, n’en a pas moins tenté de suggérer ce que les films de zombies habituels nous montrent sans chichi.
Et c’est finalement à cause de tous ces “interdits” que le film rate totalement le côche, à l’image du début du film qui se rapproche du Dawn of the Dead (L’armée des Morts) de Snyder sans jamais réussir a l’égaler. BPZ n’est donc qu’une accumulation d’images édulcorées, parsemées de mauvaises idées. L’archétype d’un film mainstream qui récupère l’essence du cinéma de genre pour le vendre au plus grand nombre. Et histoire de bien surfer sur les tendances du moment, le film se conclut sur une sorte d’étrange éloge au survivalisme. Brad en voix off incite les citoyens à se préparer au pire et à se battre. On imagine déjà le bas du front au fin fond de l’Arkansas se lever et crier AMERICA FUCK YEAH et courir s’acheter un nouveau jouet au Walmart du coin. Voila qui finalement fait le plus peur dans le film…

Voila donc notre premier blockbuster de zombie, et on se prend à rêver qu’un jour, pour un tiers du budget alloué à ce film, quelqu’un fera une adaptation de World War Z… You wish.